Ces mêmes maisons ont arrêté la collaboration avec leurs courtiers attitrés, leur demandant de trouver d’autres clients ce qu’ils ont fait pour beaucoup, se mettant à faire de la concurrence à ces mêmes maisons.
Aujourd’hui, la production espagnole est irrémédiablement réduite à peau de chagrin en raison du manque de pluies et de leurs pratiques culturales désastreuses que j’ai toujours combattues mais pourtant soutenues par toutes nos instances fédératives. Ces dernières emmenaient tous nos chers producteurs visiter toute l’année les truffières, ne produisant dorénavent que du vent.
Ces mêmes maisons espèrent maintenant des productions de l’autre hémisphère….
Elles sont même à vendre, pour certaines.
Mais vendre quoi quand on sait que la matière première se raréfie ? C’est vendre un bateau qui prend l’eau.
L’ensemble de la profession ne se soucie que de l’argent, de vendre, de faire leur propre marché ou leur appellation régionale alors qu’aucune ne sait pourquoi ni comment ils produisent.
Ceux qui ne font la truffe que pour l’argent ne font que détruire ce merveilleux produit: le détruire!
Ce sont avant tout des parfums de nos terroirs vieux de centaines d’années que nous produisons et vendons au travers de la truffe dans le monde entier, permettant au peu d’agriculture française qui nous reste de promouvoir nos autres produits qualitatifs.
Les faiseurs de publicité, de mensonges et de produits miracles, très présents sur les marchés et réseaux sociaux continuent à être écoutés par trop d’entre nous. La météo redistribue ses cartes et seuls les passionnés et les gros travailleurs s’en sortiront.
La truffe, ses cycles longs et courts à la fois, son métabolisme d’aide mais aussi de besoin, sa nécessaire conquête, son monde vivant l’entourant au-delà du bio, plus proche de la préhistoire que du goudron et tracteurs, bref le monde de la truffe est celui de passionnés, aventuriers et amoureux de la nature et de la vie et ne sera en aucun cas celui des argentiers et des opportunistes.
Mais revenons à notre saison:
Nous avons eu un printemps 2023 globalement ponctué d’orages mais de façon très hétérogène sur la France. Tous les bassins de production n’auront pas les mêmes résultats de production. Je ne peux évidemment pas dévoiler ici les bonnes zones.
Sans eau dans le fond des sols, pouvant remonter par capillarité durant les mois chaud, il n’y aura pas eu de naissances suffisantes et de possibilités de survie. Notre truffe ne se complait pas dans le désert passé ou à venir.
Deux épisodes de chaud en Juillet-Aout et Septembre ont fragilisé bon nombre des truffes présentes dans les sols. Seuls les sols parfaitement pourvus en eau remontante par capillarité ont permis de maintenir la survie totale. Pour les autres, cela sera plus aléatoires et certaines pratiques humaines auront pu en sauver une grande partie. Arrosage, irrigation, paillage ou ombrage…
Les épisodes de pluies de ce début de saison ne sont pas propices au développement des parfums. Un retour au sec sera nécessaire et provoque donc un décalage de maturité si l’on couple la maturité avec le parfum et la couleur.
Un rappel important à nos amis producteurs: bon nombre des truffes sont noires dans les sols à partir de fin novembre et même avant. Seules les dernières nées souhaitant grossir et celles de surface ou ayant subies des stress hydriques ou de température ont eu du mal de parfaire leur développement et sont souvent celles qui sont ramassées lors des premiers passages. Les truffes n’ont jamais été prévues pour être sorties de terre. Elles doivent être dégradées par la faune du sol. Le parfum que nous apprécions tant n’est qu’une facette de leur volonté de conquérir les espaces voisins par l’absorption par des petits animaux tels lapins, mulots et même écureuils les ingérant et les disséminant plus aux alentours. Les parfums arrivent donc tard dans le processus, les truffes étant noires depuis bien longtemps déjà avec des spores aptes à la germination. Cela se regarde en fonction de la nature des sols et donc de leur potentiel de respiration. Une argile sera toujours plus tardive qu’un sable. Et je ne n’aborde pas ici toute la génétique des chênes et celle des truffes
Pour que la mélanisation s’opère il faut comme toujours des sols respirant avec, selon mon point de vue, une température inférieure à 14 degrés. Le soit disant froid que beaucoup de Français espèrent ne fait qu’une cristallisation rapide des sols permettant ainsi une meilleure oxygénation. A ce que je sache, il ne gèle pas en Australie et pourtant leurs truffes sont noires avec une saison plus courte.
Nos concurrents espagnols semblent ne pas avoir de résultats probants sur le long terme dans leur façon de concevoir leur nouvelle production de truffes.
Une fois que nos sols auront ressuyés avec des différences de température entre le jour et la nuit marquées, les parfums vont se développer. La densité des truffes de ce début de saison nous indique une très bonne saison de parfums à venir si la pluie se calme et le froid reste au Nord.
Quelques vérités qui vont déplaire à beaucoup de ceux qui n’écrivent que des stupidités chaque jour sur le net.
Un brulé improductif peut l’être pour de nombreuses raisons. Rajouter les inoculums ou autres réensemencements ne sont en aucun cas la seule solution. Nous avons des milliers d’exemples ou cela ne fonctionne pas et quelques seulement qui fonctionnent. Seul le réensemencement fait à partir de votre production donne des résultats aléatoires corrects. Les autres sont du domaine de la chance. D’autres pistes existent et sont plus prometteuses.
Où sont les études génétiques et de parentèle qui devraient nécessairement et obligatoirement être sur les sacs le tout doublé des mêmes études sur chacun de vos arbres. Mettre ce type de produit peut même introduire d’autres génétiques de truffes rentrant en compétition avec la vôtre et affaiblissant du coup l’ensemble. Seul le portefeuille du vendeur de ce type de produit grossira.
Il va bien falloir que ceux qui me lisent comprennent un jour que tous ces vendeurs de produits, tous meilleurs les uns que les autres, n’ont fait qu’affaiblir l’ensemble de la production de truffe française.
- Il y a beaucoup de génétiques différentes pour la seule variété mélanosporum. Les italiens en ont démontré la réalité mais les études se sont arrêtées là de façon à ce que les pépiniéristes et Fédérations puissent vous raconter tous leur musique.
- La parentèle est aussi une réalité du monde vivant totalement ignoré des incapables qui règnent dans notre milieu bien peu professionnel.
- Les beaux brulés sont souvent des brulés en souffrance. Dans le sauvage, les brulés sont très peu marqués.
- La méiose, division cellulaire nécessaire à toute multiplication cellulaire reproductive se fait dans tout le règne végétal et animal en milieu acide, donc en dessous de 7: 6.99 est acide.
- Un sol sain et plein de vie de bactéries est donc nécessaire dans nos milieux calcaires pour favoriser les naissances.
- La tourbe ou autre terreau n’est et ne sera jamais bon pour notre activité. Les espagnols ont fait les frais de l’utilisation de tourbe sans réfléchir à minima des conséquences et en ignorant totalement les tenants et aboutissants de l’environnement de la truffe et des règles fondamentales de la vie des arbres depuis des millions d’années.
- Ceux qui vous vendent des terreaux, tous de provenances très douteuses sont du même ordre. Ces terreaux issus de la récupération de végétaux de provenances diverses sont porteurs de toutes les maladies mais comme il est de bon ton d’en faire, il faut les vendre à tout prix. Leurs besoins en hydratation supplémentaire n ‘est pas non plus compatibleavec nos sols.
- Les glands et autres plants issus de pépiniéristes diverses et variés atterrissent dans des vallées ou coteaux dont ils ne sont pas adaptés. Les résultats de production piètres sont les vôtres au global.
- Les beaux parleurs des réseaux sociaux ne vous feront faire que des dépenses en leur faveur.
- A la coupe d’une truffe, le filament blanc est son tissu lui servant à « respirer ». Il diminue au fil des semaines la truffe étant totalement mure et prête a se désagréger dans le sol. S’ils sont translucides plus ou moins comme cette année c’est que l’eau y est rentrée, la truffe ayant donc été noyée.
- Le froid n’a jamais fait les parfums. C’est une croyance forte dénuée de fondements pratiques et techniques. Le froid fait cristalliser les sols permettant ainsi de meilleurs échanges dans les sols. A ce que je sache il ne gèle pas l’hiver en Australie et leurs truffes sentent toutes en saison.